Nuit polaire. Laponie. Banquise. Aurore boréale. Ces mots inspirent le froid autant qu’ils fascinent. Sur place, on s’imagine explorateur bravant des vents impétueux pour observer les manchots comme dans La Marche de l’empereur. La Finlande offre aux âmes nomades l’exquise sensation d’un voyage hors normes, et même un peu fou. Cap sur Kemi. L’aventure commence là, à 720 km au nord d’Helsinki, la capitale, à deux heures de route du cercle polaire, de la Laponie et de Rovaniemi, sa capitale.

On ne vient pas à Kemi pour elle-même. C’est une bourgade de 23 500 âmes, dont les industries papetières crachent une dense fumée blanche au-dessus des glaces baltiques du golfe de Botnie. La ville fut fondée en 1869 par le tsar Alexandre II, du temps où la Finlande était un grand-duché autonome rattaché à l’empire russe. Puis elle fut entièrement brûlée par les soldats battant retraite de l’Allemagne nazie. Comme Brest ou le Havre, elle a été reconstruite de béton dans l’urgence de l’après-guerre. Lumière pastel. Soleil furtif qui se lève en ce moment aux alentours de 9 h et se couche vers 16 h. Chuintement des pas dans la fraîche. Mots mal articulés et embuées dans l’air glacial : – 24° C. La température s’affiche sur la façade de l’hôtel et de l’auberge de jeunesse de Cumulus, juste derrière les quais disparus sous la glace.

Kemi se moque de n’être pas jolie. Ce qu’elle promeut, ce sont ses attractions touristiques. «Aventure glaciaire dans le Grand Nord», lit-on sur le dépliant duSampo. Le seul brise-glace touristique du monde croise ici. Son nom est légendaire. D’après le Kalevala, ancestral recueil de poèmes populaires, celui qui s’empare du «sampo», sorte de moulin magique, trouve le bonheur.

Pour une croisière sur ce bateau pas comme les autres, on vient de loin, du sud du pays, de la Russie et de la Suède voisines, d’Estonie, d’Allemagne, du Japon.